Thierry Van Cleemput: "Je me méfie du premier tour de Goffin comme de la peste"
Thierry Van Cleemput, le coach de Goffin, craint un peu le match face à Ebden.
- Publié le 02-07-2018 à 07h16
- Mis à jour le 02-07-2018 à 07h29
Thierry Van Cleemput, le coach de Goffin, craint un peu le match face à Ebden. Thierry Van Cleemput a expliqué avant le début du tournoi comment lui et David Goffin avaient décidé d’appréhender cette pression du Top 10 pour les semaines à venir : il faut retrouver les essentiels afin de ne pas se perdre en route. Le coach a beaucoup apprécié de voir qu’ils étaient toujours sur la même longueur d’onde. Maintenant, le premier tour qui s’annonce reste très dangereux.
Comment s’était passée l’analyse de la défaite de Roland-Garros ?
"Une analyse a été faite, oui. On a discuté, digéré tout ça. Cela a pris du temps. Tout ce que je peux vous dire, c’est que c’était très bien et je suis très content de David qui a été très objectif : ça m’a vraiment fait plaisir. Je suis très content de voir qu’il a bien la tête sur les épaules."
Et le choix a donc aussi été fait de ne jouer qu’un seul tournoi avant ce Wimbledon…
"À ce stade de la carrière de David, il faut faire les choses dans la sérénité, c’est important. On n’est pas dans le court terme, même s’il faut évidemment des résultats. Il fallait faire le bilan de la terre battue, qui était bon, mais, en revanche, c’était énergivore avec aussi le stress du début de saison à évacuer et puis surtout ce match face contre Monfils… Donc, on a dit ‘stop, on va se calmer’. On a fait le choix d’aller à Deauville mais la mauvaise surprise a été que le petit stade était simplement injouable mais ça, on ne pouvait pas le savoir avant d’y aller. Tant pis. Et puis le match au Queen’s était très correct face à Feliciano Lopez qui a joué l’acier, j’étais très content de son attitude."
Vous ne craignez donc pas le manque de matches ?
"David a besoin de matches mais il ne faut pas mettre des matches pour dire qu’on met des matches. On était concentrés sur autre chose et il fallait prendre le temps de le faire. Mais ça ne va pas être comme ça toute la saison (sourire)."
Matthew Ebden au premier tour, ce n’est pas facile…
"Non, ce n’est pas facile ! À Tokyo, il avait gagné très difficilement, 7-6 au troisième. Ebden est un bon joueur de gazon donc, non, ce n’est pas un bon tirage. Il doit pouvoir passer ce cap-là normalement s’il met tout en place. Il part quand même favori. Et s’il passe, le tableau n’est pas mauvais mais je me concentre surtout sur ce premier match dont je me méfie comme de la peste. On va tout faire pour bien se battre et ce ne sera pas une catastrophe, je vous le dis tout de suite, si jamais ça n’allait pas. Dans notre debriefing, c’est ce qu’on avait aussi dit : on va travailler sur le long terme."
On a l’impression qu’il s’était peut-être mis trop de pression…
"Moi, je dirais peut-être bien (rires). Il faut retrouver le bon paramètre sur lequel il doit se concentrer, c’est-à-dire le jeu. Il faut se mettre sur le bon objectif et choisir le bon combat : c’est ce qu’il faut faire dans les prochains mois."
Est-ce finalement cette année que son changement de statut est le plus dur à gérer ?
"Non, car chaque saison, quand il est monté au classement, on a eu des petites périodes difficiles de gestion. Pour un joueur en général, c’est difficile. Je suis allé me renseigner aussi en discutant avec d’autres joueurs plus âgés qui ont été dans le Top 10, des Français notamment, qui m’ont dit ‘la première année où je suis rentré dans ce truc-là, mais qu’est-ce que j’en ai chié !’ David, à l’heure actuelle, ne doit pas se dire ‘je dois être Top 10’ mais jouer avec l’attitude d’un Top 10. Il peut progresser, avoir une bonne attitude et finir 12 ou 13, donc ça ne sert à rien de commencer à se mettre de la pression."
Mais quand tu y as goûté, que tu étais en finale du Masters, ça doit être difficile de se dire ‘tant pis si je n’y reviens pas, non’ ?
"Qu’il arrête de jouer alors. Non, il ne fonctionne pas comme ça. S’il était assez fort pour dire ‘on va viser les victoires en Masters 1000, on va viser ci et ça’… Mais là on va se tromper. Je pense que ma manière de penser est la bonne, mais si à un moment ce n’est plus celle-là, ça veut dire que mon temps en tant que coach avec lui serait fini. On doit être en phase sur les valeurs et les objectifs à atteindre. On a une équipe de copains très professionnels mais qui va devoir performer sur le terrain ? C’est David. Mon devoir, c’est de l’aider à se mettre sur les bons éléments : le jeu, l’attitude, les valeurs. On ne peut agir que sur des paramètres que l’on maîtrise."
Sentez-vous qu’il a une confiance suffisante ?
"On peut bien bosser mais ne pas avoir la confiance pendant un moment. Je prends pour exemple Djokovic ou Nadal il y a deux ans. C’est le gros paramètre qu’on ne maîtrise pas : à l’entraînement, tout va bien mais après, c’est en compétition qu’il faut le faire et là, l’histoire reste à écrire. On vit de nouvelles choses, on a une équipe humble qui apprend. Ce qui m’intéresse, c’est la carrière de David sur le long terme."
Au cours de votre discussion, avez-vous aussi voulu savoir si vous étiez toujours sur la même longueur d’onde ?
"Oui, bien sûr. C’est important pour moi."